Un souffle, une ombre, une vie

… et le silence​

Nous sommes en 1631

La lumière déclinante de la soirée étire des ombres sinueuses sur les troncs dénudés, sculptant un clair-obscur qui accentue l’austérité de la forêt.

Un sentier oublié serpente à travers bois, disparaissant par moments sous un épais tapis de feuilles aux teintes variant du brun profond à l’ocre.

Les pas claudiquants de Côme découpent dans la brume des figures éphémères.

Le vent s’engouffre entre les branches, produisant un sifflement intermittent, tandis que le froissement des feuilles sous ses pas crée un rythme irrégulier.

Par moments, la chute d’une branche morte ou le passage furtif d’un animal émet un bruit sec.

Le chant lointain d’un oiseau s’élève, noyé dans la brume.

Un craquement interrompt bientôt son trille mélodieux.

Il s’envole à grands coups d’ailes effrayés, emplissant la cathédrale végétale de son cri indigné.

Le sous-bois, abreuvé depuis plusieurs jours par une pluie persistante, exhale une odeur âcre de végétaux en décomposition, mêlée à une senteur humide et terreuse.

Côme s’imprègne de cette fragrance familière, remplissant ses poumons à grandes inspirations rapides.

Le froid lui pique la peau, rendant sa marche laborieuse.

De temps à autre, il reprend son souffle en s’appuyant sur un tronc glissant d’humidité.

Les aspérités de l’écorce retiennent ses doigts, et des lambeaux se détachent, tombant silencieusement sur le sol avant qu’il ne reprenne sa course.

Son souffle se fait plus sonore à mesure que sa fatigue augmente et découpe des pans complets

dans le silence oppressant du bois.

Au détour du sentier, il s’arrête, hésitant.

Une jeune fille gît un peu plus loin, sur un lit de feuilles mortes.

Sa peau d’une pâleur bleutée contraste avec l’obscurité qui s’étend.

Ses cheveux emmêlés se déploient en désordre sur son visage tuméfié.

Le cœur battant, Côme s’avance lentement.

Il se penche avec mille précautions sur le corps de la jeune femme à peine sortie de l’enfance.

Ses vêtements sont trempés, froissés, déchirés.

Sa peau est froide, meurtrie, écorchée.

Côme comprend aussitôt.

Un cri s’étouffe dans sa poitrine.

📬 Recevez les publications et du contenu exclusif en avant-première 🚀​

Parutions hebdomadaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut