Montagne imposante, Alice Bomte, roman

- #9 -

Nous venons du silence

#9 - Nous venons du silence

…et du souffle oublié de la terre

Un murmure et tout vacille

Il suffit d’un rien. Un souffle. Un mot de celui qui est le plus fort, ou qui croit l’être. Une rumeur qui enfle.
Et soudain, tout vacille. Tout cède.

Tout commence par un départ. Sibylle n’a pas choisi.
Elle le fait pour Côme, parce qu’il le faut, parce qu’il n’y a plus d’autre voie.
Ce qui ressemble à une fin est peut-être un commencement — un seuil, un passage vers l’inconnu.

Car il y a une force singulière dans ce qui se défait lentement.
Un pouvoir dans ce qui se détache, s’élève, flotte entre deux mondes.
Et parfois, ne pas choisir, c’est déjà passer sur l’autre rive.

La montagne est proche, une femme et son fils la rejoigne par un sentier isolé, Alice Bomte, roman

La meute, la fuite, l’effroi

Elles sont partout, les voix. Enfouies sous les semences, collées à la terre, embusquées dans les regards et dans chaque pensée.
Elles rient, persiflent, accusent.
Et dans le champ brûlé par le soleil, l’ombre de la meute s’étend.

Pas une horde de loups, non — une autre sauvagerie, plus ancienne, venue du fond des temps.
Celle qui accable les plus vulnérables.

Sibylle n’a pas choisi, cette fois non plus. Elle ne fait que répondre à l’urgence.
Fuir. Pour elle. Pour l’enfant.
Leur échapper, coûte que coûte.
Alors elle court, le cœur en feu, les jambes cisaillées de peur.
La proie. La biche traquée. Le ventre noué, l’enfant à bout de bras. Elle fuit.

Et puis, il y eut le cri.

Celui-là.
Celui qui fend l’air.
Celui qui fait taire les rires.
Celui qui fait reculer la meute des poursuivants.

A pied de la montagne, des paysans sont rassemblés, Alice Bomte, roman

La montagne et l’autel

C’est là qu’elle surgit… la montagne. Massive. Interdite.
Personne ne la défie. Ceux qui l’ont fait n’en sont jamais revenus.
Mais quand on ne peut plus reculer, alors l’infranchissable devient le seul chemin.

Il ne reste qu’une voie : se jeter dans l’inconnu, franchir le rideau de brume.

Mais avant cela, une dernière épreuve.
Un autel de pierre, vestige d’un autre millénaire.
Et sur la dalle froide, un agneau éventré, encore tiède.
Déposé là. Offert.

À qui ?

Quelque chose les attend. Depuis toujours.

Une phrase résonne : « Ne franchis jamais le rideau de la montagne. Elle réclame toujours son dû. »
Mais le monde d’avant est déjà derrière eux.
Il est trop tard pour reculer.

Alors ils laissent l’agneau.
Et la meute, désormais muette.
Et, ensemble, ils entrent dans le silence blanc.

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