#8 - Orphelinat Sainte-Anne
Étape sans retour
L’orphelinat Sainte-Anne est une étape éprouvante pour Paul. C’est le rappel incessant de la disparition brutale de ses parents.
À sept ans, peut-on vraiment comprendre que l’on ne reverra plus jamais ceux qu’on aime ?
Paul, dans sa fragilité d’enfant, se replie sur lui-même, trouvant refuge dans un monde imaginaire où Victor, son doudou-panda, devient son unique confident et réconfort.
« Ne t’en fais pas, papa et maman vont bientôt venir nous chercher. On ne va pas rester ici très longtemps », lui confie-t-il à l’oreille, comme si ses folles illusions pouvaient figer le temps et gommer l’intolérable réalité.
Arrivée à l'orphelinat Sainte-Anne
Au moment où la voiture passe les grandes grilles en fer forgé de l’orphelinat, le monde semble rétrécir. À chaque mètre parcouru, l’univers de Paul se réduit, jusqu’à l’oppression. L’endroit est austère, bien loin de l’idée de « foyer ».
À l’étage, le vent s’engouffre en sifflant par l’ouverture béante d’une fenêtre brisée.
Les volets battent contre le mur.
Paul serre très fort Victor, son panda et ami. Chacun doit protéger l’autre désormais.
Ne pleure pas, voici ton nouveau foyer
L’arrivée à l’orphelinat fut sinistre. Une bruine glaçante luttait avec un brouillard compact. Les tuiles de l’immense toiture pleuraient une eau noire.
Quand ils descendirent de la voiture, Arnaud perçut tout de suite le désarroi de l’enfant à la vue de cette bâtisse fiévreuse. L’air était imprégné de l’odeur des feuilles mortes en décomposition. La terre noyée recrachait une boue noirâtre sous les pieds. Des gouttes sombres suintaient des tuiles et s’écrasaient dans des flaques opaques.
Victor, rempart contre le désespoir
Victor, le panda en peluche, devient plus qu’un simple jouet pour Paul. Dans ce monde dévasté, il est la dernière pièce du puzzle d’un passé qu’il refuse de voir disparaitre. L’enfant se crée un univers, un monde où les événements dramatiques ne sont qu’une parenthèse temporaire. Victor devient la clé de ce déni, garant d’une illusion où la réalité de la mort n’a pas sa place.
Ne t'en fais pas, tout va s'arranger
Paul enlaça Victor et lui murmura des paroles réconfortantes.
— Ne t’en fais pas, papa et maman vont bientôt venir nous chercher. On ne va pas rester ici très longtemps.
Luke et Rachel sortaient souvent le soir. Ils étaient toujours revenus. Pourquoi les choses seraient-elles différentes cette fois ? Il n’y avait pas de raison. Jamais ils n’auraient abandonné leur fils !
Martin, la rencontre qui change tout
Lorsque Paul arrive à l’orphelinat, il est accueilli par Martin, un psychologue affable et bienveillant qui comprend immédiatement que Paul s’est retranché trop loin pour être accessible. Au lieu de forcer un contact direct, il s’adresse à Victor, le panda en peluche, qu’il reconnaît comme l’ancrage émotionnel de cet enfant perdu. Par cette approche subtile, le psychologue parvient à établir un lien sans jamais forcer le contact.
Bonjour Victor, je suis Martin
Le psychologue agrippa la patte de Victor et la serra comme d’une main.
— Ravi de faire ta connaissance, Victor. Moi, c’est Martin. Il fronça les sourcils. Hum, je vois que tu es très triste, fit-il remarquer en s’adressant toujours à la peluche.
Paul l’observait avec curiosité. Il avait fini par croire que seule sa mère savait parler aux doudous. La plupart des gens ne leur attachaient pas plus d’importance que s’ils avaient été de simples bouts de chiffons. Martin n’avait donc pas oublié les choses essentielles. C’était rare pour un adulte !
Un aperçu de la suite
Après avoir emménagé au mas de l’Espechou, Paul est confronté à un défi imprévu : trouver une baby-sitter pour s’occuper de ses enfants. Sa rencontre avec Nadine Mendès, une femme au caractère austère et au passé mystérieux, suscite immédiatement des interrogations. Nadine, autrefois amie avec Viviane Gavalda, ancienne propriétaire tragiquement décédée, ravive les mystères entourant le mas.