#5
Ce qu'on endure pour l'autre
#5 - Ce qu'on endure pour l'autre
C'est là qu'est la force
Le froid, les regards, les autres
Je ne peux pas tout vous raconter ici. Mais je peux vous dire ceci : Ce chapitre parle d’une grande humanité.
Et de son exact contraire.
Et je peux vous confier ceci encore : Il y a des gestes qui coûtent.
Des mots qu’on étouffe.
Des silences qui blessent.
Mais on les endure — quand on le fait pour l’autre.
Pas pour les autres – pour L’AUTRE !

Dans la gueule du loup
C’est pour ça que Sibylle brave la neige, et pire encore, le regard DES AUTRES.
C’est pour ça qu’elle se jette dans la gueule du loup, qu’elle marche vers le village qui lui fait tellement peur, qu’elle pousse la porte de Colas Verdier qui la regarde comme un homme ne devrait JAMAIS regarder une femme.

Pauvreté n’est pas charité
Elle a besoin de vivres.
Lui, il sourit comme un homme ne devrait JAMAIS sourire à une femme : il a “mieux” que des carottes ou du chou à lui proposer.
Son haleine est lourde, obscène, mais Sibylle ne fuit pas. Elle pense à Côme et dépose quelques pièces sur le comptoir.
« C’est tout ce que j’ai ».
Elle le fait pour Côme. Il est tout ce qu’elle a !
Et Colas, là, en face d’elle. Son haleine épaisse. Son regard collant. Cette façon de jauger, de posséder déjà, ce qui ne lui appartient pas.

Celui qui vient sans avoir été appelé
Quelque chose se serre dans le ventre de Sibylle. Et soudain, ça revient. Le souvenir, brutal, fulgurant.
Un autre homme. Quelques mois plus tôt. Celui-là ne s’était pas contenté de la regarder comme une chose. Il a pris ce qu’il voulait par la force. Puis il l’a laissée là, inanimée, au bord du chemin.
Et voilà qu’un enfant s’annonce. Un enfant qu’elle n’a pas voulu. Un enfant qui n’est pas le sien. Qui ne le sera jamais.
Alors cette fois, c’est Côme qui fait pour Sibylle ce que nul autre n’aurait fait pour elle.