#2 - Le silence d'automne

… et toujours la pluie

La forêt bruisse et s’étire. La brume rampe entre les troncs, absorbe les sons feutrés. L’humidité colle à la peau.

— Elles se cachent, souffle Sibylle.

Côme ralentit.

— Qui ça ?

— Les bêtes. Elles sentent la tempête.

Il observe la cime des arbres qui commence à frémir. Le bois qu’ils ramassent est trempé. Côme s’en veut. Il aurait dû prévoir. Sibylle sert son fagot contre elle.

Silence dans la forêt sous la pluie, roman, Alice bomte

Un corbeau les observe, noir sur fond de ciel gris. Il sautille sur le toit de chaume. Puis, d’un battement d’ailes brusque, il s’envole dans un tourbillon de plumes sombres.

Sibylle le suit du regard.

Côme pose une main sur son bras.

— Viens.

Le vent se lève. L’hiver sera bientôt là.

Dans la cabane, les cendres ont refroidi. Le feu est sur le point de s’éteindre.

Sibylle s’assied devant l’âtre. Dehors, la nuit s’installe. Ils mangent une soupe maigre.

— Allons, demain il faut se lever tôt. Bonne nuit.

Un craquement, au loin. Un froissement d’ailes. Un glapissement étouffé. Le crépitement des dernières braises.

Sibylle frissonne dans son sommeil. Ses paupières tressautent. Son souffle s’accélère. Ses doigts agrippent fiévreusement la couverture mince.

Elle hurle.

Côme tressaille. Il s’élance, trop vite, sa jambe se dérobe, il s’appuie contre le mur pour ne pas tomber.

— Sibylle… Hé… Sibylle, réveille-toi.

Elle ouvre les yeux, fébrile, égarée.

— Tu faisais un cauchemar.

Il ne trouve rien d’autre à lui dire. Son monde, c’est le silence et l’oubli.

Sibylle sursaute et écarte d’un geste nerveux une mèche collée à sa tempe.

Une jeune femme blonde dort près de l'âtre, roman d'Alice Bomte

Côme jette une bûche dans les braises. Le feu crépite et reprend vie. Dehors, la forêt s’éveille sous une pâleur glacée. La brume s’attarde.

— Il est temps de partir.

Ils avancent en silence sur l’épais tapis de feuilles détrempées. Un bruissement dans les fourrés. Sibylle se fige.

— Elles se cachent.

Côme la regarde.

— Qui ça ?

— Les bêtes. Elles nous guettent.

Il jette un regard alentour et ne voit que le vent qui s’engouffre dans les branches.

L’hiver sera long.

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